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L’image qui bondit sous ses yeux enflammés,
C’est le danseur Bathylle, aux cheveux parfumés,
Bathylle aux poses languissantes,
Bathylle qui s’envole, et qui glisse, et qui fuit,
Et fait battre le cœur des matrones, au bruit
De ses cymbales frémissantes.

Bathylle qu’aux Romains la Grèce, un jour, céda,
Si gracieux, alors qu’il danse la Léda,
Sous une tunique de femme.
Ou quand son corps mobile, en cercle se tordant,
Tourne comme une roue, et dans son vol ardent
De tout un peuple emporte l’âme.

Mais Bathylle est cruel, et ne se donne pas ;
Il veut un sang illustre et de nobles appas
Pour une faveur qu’il accorde ;
Et plus d’un sénateur aux antiques aïeux
Triomphant d’être père, élève sous ses yeux,
Quelque petit danseur de corde !