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Berceau.


Lacte ferino !


À l’ombre d’un figuier superbe,
Près d’un fleuve aux bords inconnus,
Deux enfants sont couchés dans l’herbe,
Frais, souriants, et demi-nus ;

Le grand ciel bleu les environne,
Un dernier rayon du soleil
Semble poser une couronne
Sur leurs fronts joints par le sommeil ;

Et la brise qui vient des ondes,
Parfumée aux fleurs des roseaux,
Baise, en passant, leurs têtes blondes
Que touche l’aile des oiseaux !

Ils se réveillent… ô mystère !…
Du fond des antres sans chemins
Une louve, rasant la terre,
Vient lécher leurs petites mains.