Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Leur front calme est orné de guirlandes fleuries,
Le soleil de l’idée inonde leur regard.
Ils suivent lentement de longues galeries,
Et vont causant entre eux, de la forme et de l’art.

Sculpteurs, musiciens, et peintres et poètes,
Ils sont là tous, rêvant au passé glorieux ;
L’œuvre de leur génie a peuplé ces retraites,
Et leurs créations s’agitent autour d’eux.

Polyclète y sourit près de Junon la belle ;
À tes pieds, ô Vénus ! Cléomène est assis ;
Le satyre, échappé des mains de Praxitèle,
Ouvre sa bouche avide aux raisins de Zeuxis ;

Stasicrate, en sueur, sculpte au loin sa montagne,
Miron suit, dans les prés, ses génisses d’airain,
Et le vieil Amphion, chantant par la campagne,
Fait danser les rochers sur le mode thébain.

C’est là qu’il est monté parmi les statuaires ;
Il habite un beau temple, aux murs étincelants,
Et, timides encor, près des déesses fières,
Nissia, puis Sapho, s’avancent à pas lents.

Entrez !… vous qui mêlez aux lignes solennelles
Les langueurs du contour et le pli gracieux,
Filles des temps nouveaux, vous êtes immortelles,
À côté des Vénus, Pradier vous place aux cieux !