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Oh ! dans ce temps de jeunesse hardie,
C’était encore un plus large incendie
Qui brûlait là, de minuit jusqu’au jour.

Et maintenant tout s’éteint, tout s’efface.
Car j’ai versé dans cette même place,
L’eau sur la flamme et l’oubli sur l’amour !




Savez-vous pas…


Savez-vous pas quelque douce retraite,
Au fond des bois, un lac au flot vermeil,
Où des palmiers la grande feuille arrête
Les bruits du monde et les traits du soleil ?
— Oh ! je voudrais, loin de nos vieilles villes,
Par la savane aux ondoyants cheveux,
Suivre, en rêvant, les écureuils agiles,
Et voir sauter, sur les branches mobiles,
L’ara de pourpre et les bengalis bleus !

Savez-pas, sur les plages lointaines
Où n’ont jamais passé les matelots,
Une île heureuse aux suaves haleines,
Bouquet de fleurs effeuillé sur les flots ?