Poètes, à vos luths ! tout le reste est folie !
Assez de Thibaudiers ont de la passion.
L’avenir est plus haut, Italie ! Italie !…
Qu’Énéas a bien fait de planter là Didon !
Poètes, à vos luths ! l’art est ce fleuve antique
Où Thétis aux yeux verts trempa son fils naissant,
Il faut y plonger nu, pour que le flot magique
Nous fasse autour du cœur un bouclier puissant.
La foule a ses transports, ses amours et ses haines,
Ne mêlons point notre âme à ce tumulte humain,
Aux convives joyeux, le choc des coupes pleines,
A nous la lyre d’or, au pilier du festin !
I
Au temps que j’étais pur et tout léger d’années,
Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois,
Toutes les nuits, alors, de roses couronnées,
S’inclinaient sur ma couche, avec de douces voix.