Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Nul pas n’a mesuré ces vastes solitudes
Dont un sphinx éternel garde le seuil poudreux,
Tandis qu’au fond, dressant leurs mornes attitudes,
Les souvenirs muets se regardent entre eux

Et cet écho charmant d’où tant de joie émane,
Qu’il fait rêver du ciel les peuples attroupés,
C’est ton grelot qui tinte, ô sombre caravane,
Des désirs haletants et des espoirs trompés !…




La Terre et les Étoiles.


À Agénor Brady.


Roulant dans la nuit solitaire,
Les astres dirent à la terre :
« Où vas-tu, monde audacieux ?
Comme un point perdu dans l’espace,
Ton orbe étroit tremble et s’efface,
Mais toujours on connaît ta place,
Au bruit que tu fais dans les cieux !

« Ô terre dont le flanc tressaille,
Quel enfantement te travaille ?