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Il bondit sur les monts, tel qu’un chamois rapide,
Il nage dans l’azur, aux grands aigles mêlé,
Il marche au fond du fleuve, et sa forme splendide
Luit à travers les flots comme un ciel étoilé.

Son front calme est pareil à la mer sans tempête ;
Un son mélodieux de ses lèvres a fui,
Et, comme la crinière ardente des comètes,
Ses cheveux flamboyants traînent derrière lui.

Sur ton aile, ô désir, il franchit la distance ;
Un regard de ses yeux perce l’immensité ;
Il a l’instinct sublime et la sagesse immense,
Sa force est dans sa grâce et dans sa volonté.

A l’être universel il va trempant sa vie !
Ses sens multipliés font son esprit meilleur,
Et le débordement de son âme ravie
Retourne, en flots d’amour, au monde extérieur.

O terre, il a compris tes clameurs éternelles,
Il sait quels mots profonds tu caches ici-bas,
Sous ce langage obscur des choses naturelles
Qu’avec ses sens grossiers l’homme n’entendait pas.

Il marche, comme un roi, par les belles campagnes,
Montre aux daims haletants les ruisseaux écartés,
Fait un signe à l’abeille, ou va sur les montagnes
Calmer le grand combat des lions irrités.