Le fleuve diaphane, où boivent les gazelles,
Comme un souffle subtil effleure les roseaux,
Et son lit de topaze, aux blondes étincelles,
Semble un feu pétillant qui brûle sous les eaux.
O splendide univers qu’ont rêvé les vieux âges !
Le monde a fait un pas, tout ensemble a monté,
L’être, comme un oiseau, plus libre dans ses cages,
Jette au soleil levant un cri de volupté !…
L’arbre frémit d’amour sous son écorce grise ;
La sève a, comme un sang, des battements joyeux ;
Et répétant le mot apporté par la brise,
Les feuillages émus chuchotent dans les cieux.
Des prés, des ruisseaux clairs, des corolles écloses
Les arômes flottants s’échappent à la fois ;
Dans les parfums épais monte l’âme des choses,
L’air s’emplit de rumeurs et de confuses voix ;
Entr’ouvrant leurs yeux d’or, mille fleurs éveillées
Regardent doucement à travers les buissons,
Pendant que les oiseaux, sous les branches mouillées,
Pour le maître attendu commencent leurs chansons.
Il vient dans la lumière ! il vient dans l’harmonie !
A l’horizon lointain sa grande ombre a passé !
Et, le sentant venir, la terre rajeunie
Tremble comme la vierge au bruit du fiancé !
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