Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sous le dôme plissé des larges champignons,
Dorment les grands lézards et les caméléons ;
L’abeille au creux d’un cèdre a bâti ses cellules ;
Aux pointes des roseaux tremblent les libellules ;
Mille essaims bruissants qui prennent leur essor,
Tourbillonnent, dans l’air, comme un nuage d’or !
Des roches de mica les cimes à facettes
Près des mornes granits font briller leurs paillettes ;
Et la terre féconde, ouvrant son sein vermeil,
Pour aspirer la vie et boire le soleil,
Montre, de place en place, à travers sa peau sombre,
Ses os de marbre dur et ses veines sans nombre !

Mais, au-dessus des bois, l’un l’autre s’appelant,
Deux oiseaux d’écarlate, au vol étincelant,
Se suivent dans les cieux, fendant avec leurs ailes
De l’espace azuré les vagues éternelles !
Puis, glissant de la nue, ainsi qu’un large éclair,
S’abattent, à grand bruit, sous le feuillage vert !…
Le cri rauque et perçant de leurs gorges gonflées
Expire mollement en cascades roulées ;
Leurs yeux ronds semblent d’or, mille frissons joyeux
Font, sur les sables fins, palpiter leurs pieds bleus,
Et, dans le tourbillon des ailes qui frémissent,
Leurs becs impatients se cherchent et s’unissent !
L’air est chaud, le ciel lourd, de moment en moment,
Les buissons autour d’eux, s’écartent lentement
Et l’on voit flamboyer leurs plumages superbes
Comme un rouge incendie, entre les hautes herbes !…