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Cherchent les yeux du monstre, et si, jusqu’à sa chair,
L’écaille en quelque endroit laisse un chemin ouvert !
Le reptile, ébloui par cette multitude,
Ramasse tout son corps et gonfle sa peau rude,
Puis, poussant vers le ciel un dernier sifflement,
Plonge avec un bruit sourd dans l’abîme écumant !
Les bêtes, çà et là, par la vague bercées,
Flottent, le ventre à l’air et les pattes dressées,
Ou rampent en criant dans les algues du bord ;
Tandis que, sur les eaux qui palpitent encor,
Croisant de leurs yeux verts les glauques étincelles,
Les autres, à l’entour, font retentir leurs ailes,
Et, du golfe au ciel bleu tordent, en croassant,
Leur spirale sans fin qui va s’élargissant !…


III

Comme les airs sont doux ! comme le ciel rayonne !
Tout tressaille à la fois ! tout fleurit ! tout bourgeonne !
Et des halliers épais s’échappe, par moments,
Un long flot de parfums et de bourdonnements !
Dans les rameaux touffus sonnent des voix nouvelles ;
Sur les immenses nids battent les grandes ailes ;
Le monde, enveloppé d’un sourire joyeux,
Reluit au soleil clair, et la vie en tous lieux
Etale, adoucissant la rudesse des formes,
Sa pompe gigantesque et ses grâces énormes.