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« Ils sont rois des vallons humides,
« Aux lieux profonds et reculés
« Où viennent les phoques timides
« Bondir dans les varechs salés.

« Au bruit lointain des vents sonores,
« De belles vierges aux yeux verts,
« Sous des grottes de madrépores,
« Les attirent par leurs concerts.

« Ils ont des champs et des collines
« Que tapisse le fucus frais,
« Et vont cueillant mes perles fines
« Aux branches rouges des forêts… »

Et la voix, plus faible résonne,
Mêlée au murmure des vents.
De ma fenêtre qui frissonne
J’écartai les rideaux mouvants.

La nuit, sur la plaine ondoyante,
Comme un riche dôme, éclatait,
Tandis qu’écumeuse et bruyante,
Sur la grève la mer montait.

Et c’est le chant qu’en leur jeune âge
Ont entendu les matelots,
Quand ils jouaient sur le rivage,
Ou qu’ils dormaient au bruit des flots.