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La véhémencede leur passion leuren restitue l’héroïque splendeur. Haussés à ce degré d’immortelle épouvante d’un Œdipe devant qui apparaît sa fortune, d’une fraîche Ophélie douce à en mourir, de Jésus et de Xenophon, ces personnes resplendissent d’une vertu terrible, intégrale, divine. Ils dressent l’opaque statue de tant d’aspects épars. Ils cessent d’être un instant soi-mêmes, sous le souffle impétueux des choses. Les pensées qui les agitaient poudroient, s’enfuient ; leur authenticité nominale abdiquée, ils surgissent sur les races comme des anges d’émotion ! Leur beauté, dès lors est œcunémique : parla, je veux dire qu’ils succombent ; les talents dont l’éclat les avait embellis, leurs mérites spéciaux s’effritent, n’ont plus lieu. Pur bloc que pétrit le Destin ils en représentent les scintillations ; ils deviennent la Douleur, l’Amour. Leur riche prestige se constitue des excessifs resplendissements, — qu’ils dérobentau jeune ciel, aux roses et aux pomones ! Ils portent les idées d’un astre ou d’une fleur.

Ainsi les conjonctures où Virginie fut prise, leur véracité historique ne valent pas l’éternelle fiction de la tendresse et du naufrage par quoi, un instant, elle représenta le plus pâle Amour, la mort la plus chaste. O les cascades, le hêtre et les vifs citrons d’or, rien ne nous émotionne sinon les sentiments qui universalisent cette pompeuse petite fille tendre et infortunée !

L’irréductible effroi de cette pudeur plausible, intempestive aussi, qui la fit défaillir dans la nuit de la mer, pour ma part, cela ne m’apitoie pas. L’excès d’une telle vertu offense. Fuir la vie de peur, étant nue, d’éblouir un magnifique gaillard, voilà bien sans doute la pire