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prenne garde, et parce qu’elles augmentent le prix de ses grâces, de ses exaltations et de ses défaillances. Elle est gaie et pure, fine et impétueuse. Au reste, elle me tient quelquefois rigueur, dans l’intention d’être courtisée, avec véhémence et tendresse, et elle me repousse violemment afin que je connaisse le plaisir de la vaincre.

Les stratagèmes de son amour sont innombrables. Ses yeux rient comme un jeu de flûte. Elle est la plus futile des petites filles du monde. De trop gros coquelicots lui inspirent de l’effroi. Je l’ai vue s’en aller à la rencontre de l’aube. Dans la prairie aromatique, elle saisit le vent et elle cueille des herbes. Sa douceur sollicite le concert des caresses, et elle le préfère à tout autre. Je l’aime d’être aussi impudique. Ses mains luisent comme de petites pommes, et elle est semblable à un arbre en fleurs. Aux minutes d’extrême indolence, sa pudicité ne m’interdit point les plus tremblantes, les plus furieuses luxures. Ses intentions ne me déconcertent pas. Je la contemple comme ma tendresse, soudain, chantante. Elle éprouve combien je me suis épris. L’importunité des pudeurs ne’s’oppose jamais à nos folles ivresses. Cependant elle ne soupçonne pas que je ne me lie qu’à l’amour.

Quand nous nous jurâmes d’éternelles délices, je me rendis coupable du plus faux des serments, et l’engagement que, pour ma part, j’ai pris, je savais bien ne le remplir jamais. Pressent-elle cela ? Je ne le pense pas. Je n’aperçois point qu’elle ait suspecté la fragilité de nos liens. Je n’aime ardemment que l’amour ; à travers Eglé, Hermance ou Marie, je ne puis m’attacher