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des synthèses humaines, tout à fait hors de la nature, et proprement, en quelque sorte métaphysiques.

En ce cas, quelle innocence, quelle basse compréhension de l’art ! Toujours le burlesque et le douloureux, la pire frénésie de nos mélodrames et l’Incohérence de l’action ! Nulle psychologie auguste. Une héroïsation pompeuse, qui tient tout entière dans l’aspect des dieux, leur emphase, l’exagération de leurs exploits. Voilà de terrifiantes féeries ! Compliqué, barbare, rehaussé de teintes et de Ions, ce théâtre n’inspire point l’amour de la magnificence humaine, mais il donne le goût des pesantes splendeurs !

Pourquoi douer de nos conceptions des personnages qui n’en ont nul besoin, car les annales ou les légendes les ont pourvus de contritions, d’allégresses et de cruautés particulières ? Pourquoi y substituer les nôtres ? Qui donc confierait à Booz et à Ruth le soin d’accomplir de féroces desseins ? Aucun homme assurément, et cependant personne n’hésite à défigurer l’expression du monde. Il n’y a pas un noble amant qui n’imagine les pimprenelles, les pierreries et les marguerites miraculeusement attentives à ses délices et à de futiles peines !

Voilà une étrange présomption ! Que ne laissez-vous s’exprimer les choses. Elles ne vous sollicitent point pour que vous portiez assistance à leur détresse inteltellectuelle. Quoi ! vous les travestissez ? Afin de traduire votre émoi, vous utilisez l’Etna et des lys, l’homicide clarté de la foudre. A de farouches et blancs héros qui peuplaient l’épaisseur des hautes forêts d’Allemagne, quand des glaces couvraient l’étendue, vous imposez vos conceptions telles qu’elles vous ont