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II

Si prophétique qu’il ait pu nous sembler, Hugo n’a Tien prévu des possibilités du monde, Quoiqu’il soit monté sur le Sinaï, les législations qu’il en rapporta ne lui furent point dictées par les esprits divins. Il s’est environné de nuées. C’est un génie sans équilibre.

Son génie était prodigieux. Il n’appartient à aucune race, cependant, il les résume toutes. Monstrueux abrégé de la littérature, il n’écoute point le gémissement des terres puériles. Tout l’ancestral passé captif dans un héros : voilà Hugo.

Il contient Pan, Shakespeare, Cervantes, Ézéchiel. L’insufflation des dieux l’inspire.

Il en conçoit les furieux frémissements. Il semble qu’il soit entré parmi l’Olympe.

Sur les berges blêmissantes du Styx, cet homme «’est assis tristement, tandis qu’un flux de sonores ondes s’engouffre aux noires voûtes que forment des cyprès.

Il atout vu, tout connu, tout compris. L’Éden, Elseneur, la bruyère lugubre et ardente d’Ermuyr, Pathmos, les pompeuses plages d’Egypte et les péninsules de Sicile, ce sont des lieux où il se plaît. Voilà ses jardins de prédilection. Il y converse avec des dieux. Les satyres, se cabrent et s’ébrouent au milieu des plantes odorantes. Le torrent des vents tonne comme une cascade. De profondes prairies sont couvertes d’écumes. Des herbages bouillonnent comme une eau.