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extrême sensibilité et d’efficaces connaissances. Susceptible de tout contenir, riche d’attributs, de sens divers, un poème exprime l’eurythmie cosmique non moins que les desseins et la luxure d’une race ! C’est pourquoi, parmi tant de modes propices aux expansions d’un héros naturel (la guerre, les sciences et les trafics), j’ai élu la littérature à l’aide de laquelle je me pique vraiment d’acquérir quelque illustration et dont, enfin, jusqu’à ce jour, il m’a été assez loisible de tirer mes plus sûres délices.

L’éternelle mission des poètes n’est donc point de se célébrer, quels que soient les péripéties de leur destin, les soupirs qu’ils arrachent de ce spectacle épars et leur pathétique ne nous émeut point. Il est possible qu’ils se trouvent pris dans d’extraordinaires conjonctions sans que le récit qu’ils en fassent nous impressionne une seule minute. Leur pensée corrobore l’entreprise populaire.

Il faut qu’ils accentuent un aspect de leur race. Ils en maintiennent la tradition. Ils en perpétuent l’héroïque dessein, et ils en dirigent les exploits. Ils en réalisent les désirs. Rabelais, Descartes, Pascal, Buffon, Diderot, Bernardin et Voltaire, voilà une famille nationale. La statue de ces grands artistes dresse le symbole de la tribu. Chacun d’eux équivaut à un peuple tout entier. La pensée de l’un commente celle de l’autre.

Prodigieux faisceau de génies ! Synthèse dans quelques hommes d’une contrée et d’un peuple. Les flores, le site, les végétaux, la profonde mer retentissante,