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Dans ce livre, où vous jouez un rôle, j’ai réalisé vos plus chères rêveries. Il m’a plu de prendre un ton dogmatique, à l’égard d’une fine petite fille qui est la plus tremblante du monde. Mais si je vous ai contrefaite<»ce ne fut guère qu’apparemment, je ne mésestime point les tumultueuses vertus desquelles la possession vous infatue, mais je leur en préfère une infinité d’autres que j’ai surprises parmi votre âme et qui vous embellissent d’essentielles séductions. Aussi les ai-je davantage développées. Vous en êtes toute resplendissante, et leur éclat brille dans la nuit. C’est précisément la mission des dieux de reconstruire, d’après leur race, d’après leur plainte et d’après leur délire, les plus vulgaires des apparences humaines. Ceux qui ont approché votre espiègle innocence ne pourront point se persuader que vous ayez du goût pour les dissertations et quoique je vous ai décrite, comme une délicieuse et sauvage épouse, personne ne pourra consentir à vous en reconnaître les dons, l’assentiment et la raison.

Pour moi je suis certain de ma tendresse profonde, je tomberais dans le désespoir s’il m’était possible de penser que mes descriptions sont perfides, que j’ai faussé vos attributs et que l’héroïne délicate de qui j’ai célébré les grâces transcendentales, ne les possède pas en effet. Je vous ai seulement réhabilitée. Je vous ai dépouillée du fictif manteau d’or dont vous vêtent vos petits mérites. Je souhaite que vous apparaissiez innocemment. Les souillures du monde vous brûlaient. Cependant je vous ai nourrie aux substantielles flammes de mon âme, et de vos actions j’ai fait vos désirs. Ainsi nous devînmes des héros. Nous avons conçu avec