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être par la majesté des prairies et par la pudeur d’une maison d’hiver. La restitution de vos dons, c’est cela que j’entrepris ! Hélas ! ai-je accompli mes vœux.

Les personnes qui nous fréquentèrent ne le pensent point, mais si bien qu’elles vous aient connue, elles ne vous ont guère regardée, et je distingue tous vos détours. Ils vous imaginèrent la plus frivole du monde. Vous avez pris des airs spécieux et ils vous ont crue délicate. Combien ils se sont égarés. Me voici paisible, bon à tous.

Quoique je parus restreindre votre ardeur, ce fut afin de vous séduire que je le fis. Je connais votre attendrissement et j’en désignai l’héroïsme. Car nous sommes, les uns et les autres, ici et là, perpétuellement, sur le point d’être transfigurés et prêts à redevenir des dieux. Toutes nos splendeurs dépendent d’une purification. D’éminentes vertus n’attendent qu’un héros pour prendre un visage éternel. Ainsi, à vos formes déprimées, j’ai voulu substituer l’inflexion de l’amour. Je vous ai polie, comme un marbre et vous frémissiez joyeusement, semblable à la plus sainte déesse.

Je vous vénère dans une douceur. Vous êtes belle comme une évidence. Les subterfuges de votre amour me persuadent de sa permanence, et j’en ai connu l’édifiante noblesse. A vrai dire, je restai lucide. Je me suis tu sur les victoires de ma conscience et des magnifiques fêtes de ma vie intérieure, je ne vous entretins jamais. Je souhaitai que vous ne fussiez qu’une petite servante passionnée, suffisamment belle et aimable. Je vous prétendis minutieuse, attentive à mes sentiments, d’intacte et égale impudeur.