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est familiale et humble. Aux pâles murs de stuc blanchissant, flamboient des estampes coloriées. Des cris d’oiseaux tintent sur les vitres de la fenêtre. Des linges, l’armoire en hêtre, un ou deux escabeaux composent le mobilier le plus champêtre. Il y a dans l’ensemble de ce petit ménage un air de propreté et de tremblante pudeur si tranquille et si harmonieux qu’il réjouit comme un bon sourire.

C’est ainsi à peu près que M. de Saint-Pierre décrit le lieu. Il s’attache aux plus petites choses, il les relate avec respect et dévotion, il se les rappelle, le cœur plein de larmes.

Ensuite, dit-il, — et il faut bien le croire — s’étant -attablés, Rousseau, son ami et lui-même, le grand homme simple et ulcéré, d’une mélancolie héroïque, ne leur montra aucune de ces solides pensées pour qui -étaient venus les visiteurs. Leur conversation fut frivole. Ils causèrent des mets présentés. Il est certain que rien dans les livres les plus purs n’atteint cette sublime innocence.

Les fruits et le blé, leurs goûts réciproques, tel fut le pauvre objet de leurs discours. S’ils buvaient beaucoup et s’ils aimaient les friandises, les châtaignes, le lard, les légumes, peut-être bien trouvez-vous ces détails fort peu nécessaires. Pour ma part comme je les préfère à un manuel pompeux, glacé et formaliste, à des traités -de logiciens ! Au lieu d’elliptiques et sinueuses doctrines, je vois là une grande blancheur d’âme des liommes de la plus suave simplicité.

Et puis sommes-nous sùrsde comprendre ? Cesbanalitésdont ils occupèrent je les prétends pourvues d’un sens