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l’eau et des jeunes froments. Il ressuscite le blanc héros que nous eussions pu devenir. Il nous reconstruit et nous purifie. :

— Entends meugler le grand doux bœuf et le bel âne braire tendrement, couchés aux chaudes pailles de l’étable.— Les personnages les plus sublimes demeurent bucoliques, frugaux et usuels. Peu importe le prix des sonores triomphes, des fabuleuses péripéties ! De petits toits brillent qu’écaillent des ardoises. Le vieux port somnole, retentit, bateaux lourds, goudron, et les quais de suie ! D’énormes roses sourient au soleil. Sous les voûtes de verre des manufactures, puissamment mugissent, tournoient des roues d’or. — O les paquebots, les fabriques, les houillères. — Leur consécration dépend des héros.

Le monde tout entier dépend des héros. Leur présence transfigure la tribu et la hutte. Solides statuaires des blocs sanguins et intégraux, ils modèlent l’inflexion des hommes pour de paraboliques aspects. Le destin des nations corrobore leur fortune. Ils en perpétuent les désirs. Ils paraissent comme des proscrits. Ils frissonnent partout, et à chaque minute. Ils savent d’exceptionnelles florides, des sites surnaturels et des aurores de foudre. Peut-être prendront-ils garde au coq et à l’évier. Leur douceur courtise les pailles fraîches, le foin. Ils parlent selon vos intentions.

Or, à leur mort, sans aucun doute, la terre expire.

Si la gloire ne les accueillait, rien n’aurait subsisté du château et de l’île. Le sort de la cité se subordonne au leur. Ils nous confèrent une pompe inaltérable. Combien d’émotions dispersées à qui ils ont su infuser le