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don de purification, telle est leur vertu opportune. De fragiles ustensiles, le pain et les pénates, depuis qu’ils s’y inclinèrent, nous paraissent pourvus de charmes supérieurs et singulièrement vénérables.

Au hameau ou bien dans le bourg, chacun demeuredébiteur d’un héros. Le pain blanc, l’armoire en bois lourd, l’escabeau tressé de jaunes pailles aiguës, il n’y a rien dont nous ne soyons redevables. Il faudrait chanter des actions de grâces. A qui le batelier doit-il ce bon repos, cette surprenante sécurité, tandis qu’une pluie épaisse crépite ? Le bûcheron de qui la hache taille le hêtre, sans quelque agricole Archimède, nul doute qu’il n’eût pu fatiguer les bois. Ainsi d’antiques rhapsodes nous ont instruits sur Dieu. —Or cela même, Emerson me l’a dit.

Les églogues qui exaltent des amants malheureux, tant de plaintes et de véhémences témoignent que des romances furent belles et efficaces. Comme les inventeurs simplifient, préservent notre activité, un Eschyle et un Ezéchiel nous révèlent le sens de notre indolence. Leur authenticité nous rend plus pathétiques. Ces perspicaces génies ont su associer Dieu, l’aube et des sites d’eau avec leurs passions.

L’exploit d’un héros véritable se perpétue et ne cesse point, riche de conséquences sans limite. Les effets en sont impromptus. Un grand homme augmente Dieu de tous ses attributs.

Cet énorme Prométhée par qui fut découvert le feu, n’a-t-il pas troublé le repos des peuples ? De petites inventions telles qu’une roue de brouette, une amphore, une fenêtre, je les imagine plus extraordinaires que toutes