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flûtes, des trompettes, des cymbales, sollicitent la liesse citadine.

C’est là que paradent les gandins. J’y suis allé. J’ai marché aussi dans de tremblantes ruelles, caillouteuses, toutes pressées d’arcades en granit gris et de basses maisonsaux pâles toits d’ardoises lichenneuses. —Aux jours de marché sur la place urbaine, roulent les rumeurs des traficants ; d’écarlates bottes de fruits débordent des corbeilles vertes ; on respire une odeur d’épices de roses sèches et de chairs coupées.

Dès le crépuscule, après l’angélus, la cité s’endort.

Voilà le lieu où s’écoula l’adolescence de ce grand homme ! Sa sensibilité s’y offensa. Cependant, c’est un fait constant qu’il y sut refréner toute cette furieuse tendresse dont la violence, ensuite, l’exaspéra. Il accueillit la compagnie des bourgeois blonds. On a dit qu’il lisait beaucoup, et je n’en suis pas étonné, car chaque homme sait bien le lieu de son âme, mais comme nous sommes immobiles, ces drames et ces contes nous le restituent. Ainsi, ce surprenant héros, je pense qu’il ne se passionna que pour les travaux des pirates. Trop de chimères tourmentèrent ses songeries.

A seize ans, il vint à Paris, et là, il connut Paul Verlaine. Tous deux s’aimèrent et leur vie s’enivra. — Il avait besoin d’effrayantes contrées de glaces et de phoques, et il les réva. Il les connaissait. Ses poèmes (qui tous, datent de cette époque), sonores fluides, somptueux en tentent la description.

En vérité, si cet homme m’enthousiasme ce n’est point parce qu’il a écrit le Bateau ivre, les Effarés ou Fêtes