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statue, nulle image n’explique si intimement les émotions d’un homme.

Cependant toujours identique, la distribution des pièces d’intérieur corrige le sens spécial de leur figuration. La généralité de quelques sages labeurs (l’industrie, la faim, la luxure) sollicite pour eux le même site d’asile. Je veux dire que là, ici, et toujours, nous avons besoin d’un foyer, d’un lit. O la huche pesante de fruits murs, la salle de repas, l’antique table en hêtre où s’accoude, s’assemble une famille. Là s’accomplit la communion. Ferveur ! les fleurs du sol se transfusent, nourrissent Dieu ! Chacun présente à tous le bon prix, pain et sel, de l’exténuant labeur du jour.

Ainsi la famille communie, mêle son sang, se transsubstantie par l’offrande réciproque des orges, des glauques poissons couverts d’écailles et des bêtes tuées. — Parfois, à la porte, un passant frappa.

Heureux, celui qui a reçu le don de l’hospitalité. Il participa, une minute, à la race de qui l’accueillit, il fut le fils du patriarche, il connut ses secrets, sa vie, sa fortune, sa méditation, comme n’importe lequel de ses familiers.

L’endroit sublime que cette salle familiale, tiède, toute embaumée d’eau et de feuillages !

Au foyer, des pommes cuisent dans la cendre en feu. Des pains brillent couchés dans la huche. L’air est chaud et gonflé d’odeurs ; la blanche nappe reluit sur la table. Les cruches de grès, — bucoliques, — sonnent. L’anxiété est pieuse, solennelle, on croit que toute la terre attend l’eucharystie ; il y a comme une joie et une bénédiction.