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hébraïque raconte les religieuses amours de Ruth la femme en fleur et de Booz, le pur, le blanc patriarche, on sent la lourde odeur des moissons mûres. Il semble que l’été et le site, métamorphosent l’inflexion des héros à qui ils imposent telle pacifique grâce, la joie des attitudes, les sentences prononcées. Cependant, dans Shakespeare, tous les poètes tragiques, le pathétique apparaît contrasté, Hamlet et Othello ne deviennent terrifiants que par un conflit des hasards, leur importune domination. D’où vient Hamlet, et pourquoi son destin ? Il tue et adore, quelle est cette folie ? On ne sait pas, on ne sait rien.

Ces héros suprêmes de splendeurs, selon, le pathétique connu, deviennent pires, d’une face misérable, dès l’instant que je les regarde du lieu où Dieu les considère. Qu’importent ces épisodes, leur basse psychologie ! Décrite par Gœthe, Shakespeare, dans la plus pâle gazette, leur tumultueuse fable est aussi touchante.

Au lieu de nous défigurer pour quelque héroïque apparat, la simagrée de parades romanesques les plus extravagants desseins, laissons les événements constituer nos héros... Pourquoi le poète s’interposerait-il ? Pourquoi tout recréer dans l’horrible et la nuit ? Pourquoi ne désigner de ces humaines personnes que leurs crimes, leur mort misérable ? Et cette maussade psychologie ! Le poète qui partout paraît, de peur sans doute que ses héros ne se trompent d’action, de pensées ! Il les reconstruit pour l’éclat voulu. Il leur communique son propre enchantement et il les enrichit de maximes et d’emphase. Il les dirige à Elseneur, dans d’épaisses Wêts tonnantes et ardentes ! A sa guise par passetemps,