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différentes ressentent les mêmes émois, quels que soient leur, race, leur destin. Ainsi peu importent le lieu et le temps, te personnage particulier, sa condition et sa famille, la personnalité de ses vertus réelles, ses mérites, sa pensée, sa grâce, car une émotion dissipe tout cela et il ne nous intéressera que dans cette prodigieuse minute en paroxisme, où il palpite, transfiguré» et lorsqu’il ressemble à quiconque, à moi et cé passant, à vous et au roi, au berger ! » Puis tout de suite je criai :

« Ah ! Clarisse, chère petite Clarisse, cette fiction n’est point si vaine qu’elle ne vous laisse, déjà, défaillante et confuse : Ces imaginaires personnages de qui le sort et les turbulences nous émeuvent, je les pense plus réels vraiment que ces passants et mon frère même, Clarisse, ou tel et tel de nos amis ! Il est impossible qu’ils soient faux. S’ils nous impression"nent si infiniment ce n’est point d’être exquis, délicats, bien contés et d’une extrême douceur, mais parce qu’ils corroborent nos intentions. Oui, croyons-les véridiques. Bien que vous habitiez ici, vos pensées, vos souvenirs, tous vos proches espoirs vous séparent de moi, font de vous cet être étranger que, précisément, figurent mes histoires.

« Ici, vous n’êtes point présente — taisez-vous, ah î taisez-vous donc ! —r Le lieu où vous êtes ressemble à celui que songent vos désirs. Ces fades romans vous restituent votre aventure. Il suffit d’une vague anecdote et vous, voilà en fuite vers des conquêtes d’or, des pays, des plages. — Ah ! je voudrais vous tenir là tout entière, près de moi, vous sentir strictement»