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vient, elle se penche et m’embrasse. Écoutez bien, très chère, lui dis-je, je vais terminer l’histoire d’autrefois ! vous vous souvenez, cela s’appelle : « Le départ après Tes moissons. ». Elle s’asseoit, et je commence :

LE DÉPART APRÈS LES MOISSONS

... Du plus, loin qu’elle l’aperçoit, paisible, à tra^ vers la plaine, elle lui sourit tendrement. Elle regarde de l’enclos par-dessus la haie tout en flammes. Elle chante en cueillant des, fruits verts. Elle mord dans des pommes spongieuses d’un goût aigre, acariâtre ; un peu. Elle a passé là tout le jour, sous les ormes, au milieu de l’herbe. Elle l’a attendu jusqu’au soir.

Le ciel verdâtre, opaque, poudreux, flambe sur la caillouteuse campagne. Au loin brille, parmi les, feuillages, le petit hameau si bon, si intime, tout en lucides tuiles qui rayonnent. Cependant comme elle s’avance : « Les dernières moissons sont finies », dit-il. Par là il lui annonce son départ du pays.

Village humble et si familier où il a vécu tout l’étéL Elle l’a regardé en souriant, d’un air gai, ingénu* comme n’en,étant point triste. « Ah ! dit-il, faudra-t-il toujours vivre ici et là, au hasard des routes, des maisons, des temps. Les saisons ,me conduisent, les unes, vers la (prêt, la mer et vers les sauvages vignes, les autres. Pâle été qui, ici, autrefois m’a mené, pourquoi ne m’y abandonnes-tu ? »

Alors ils sont entrés dans la houleuse route verte, encaissée, profonde.de roches et de thyms.

Ils ne parlent plus. Elle pressent bien la désolation