Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée


— « Acceptez donc enfin, Clarisse, le monotone repos qu’enseigne l’hiver. Après les molles douceurs d’automne au temps d’écarlates vignes fleuries, voici le lieu de la méditation ! Pendant cette maussade saison chacun s’enrichit d’une tranquille pudeur. Pourquoi récuser la fortune du monde. Quand le troupeau des animaux s’abrite aux pailles tièdes de l’étable ? »

De grandes lueurs froides tombent sur les murs, y brûlent, leur infusent une mouvante blancheur.

La flamme du foyer veille sur nous. — « Au sort le plus pur, le plus enchanteur, peut-être eussiez-vous préféré l’imprévu d’être une Ophélie ! Car, si humblement magnifique vous ne l’êtes pas à un tel point, oui,, je l’avoue, qu’il vous soit interdit de rêver davantage. Les sublimes triomphes de l’amour, ses passe-temps, ses jeux ne vous suffisent plus. Autrement, pourquoi cet ennui ? »

— Lorsqu’elle est triste, ainsi, sans nulle rancœur, à cause de l’eau ou de l’hiver, je l’embrasse, avec des soupirs, je lui raconte quelque infortune, la tâche da jour, des aventures. — Ce sont toujours les mêmes, e.t elle les sait par cœur. — Cependant, le ton dont je les nuance, paraît l’abuser sur leur nouveauté. Leur grâce,, d’ailleurs, la contente. Bien qu’elle ne les connaisse point, des héros l’attendrissent, la passionnent jusqu’aux larmes. Elle n’ignore guère combien leurs destinées sont fausses, mais le malheur a toujours prise et le subterfuge l’étonne. Elle joue, ou sourit, ou sanglote, tandis que le bruit des longues pluies grisâtres berce langoureusement sa mélancolie.

Ce jour-là, je l’appelle et elle vient près de moi. Elle