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ce ne fut point l’incertitude où il pouvait être au sujet de Dieu, du paradis et des prophètes, mais à cause de soi et de son destin. Il en prévoyait le désastre, il en suspectait la véracité. Et enfin il examinait une méthode convenable aux resplendissements.

Vivant au milieu d’une peuplade champêtre, instruit par des gens de petit mérite, voilà un jeune homme lumineux, calciné d’irrépréhensibles ambitions, Travaillera-t-il dans le vieil atelier ou s’en ira-t-il au hasard des routes pour la victoire de sa pensée sur la stagnation des philosophies ? Suivra-t-il l’état de son père, misérable et triste artisan, ou bien tentera-t-il la conquête du monde pour laquelle il se présage riche, somptueux, magnifique d’énergies ? — Tel est le problème qu’il se pose.

Cette pauvre et bucolique bourgade où il passa ses jours d’enfance, je la vois — malgré ses feuillages et ses senteurs, — dans le lieu le plus désolé. De fines, graminées poudroient, illuminent la campagne. Au loin s’arrondissent les vivaces arêtes des coteaux, pleins d’un rose tremblement de coquelicots, de pins. L’air est bleu et chaud. Grondeuses d’or en pailles, en flammes et en pierres, les routes sonnent, soulevées par l’orage. Et quand se lève, au crépuscule, la pleine lune glacée et très pure, tout le paysage devient solennel.

Peu importe qu ’il y ait des puits autour desquels s’assemble un groupe de paysannes ! Elles exposent, celles-ci, de creuses amphores d’ambre où bouillonne s’engouffre une eau écumeuse. La lumière Stagne, éclate parmi les roides margelles. — Pourtant ce qui nous intéresse,