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quoi les employons - nous ? Chacun s’attribue des splendeurs, la force, l’éloquence des héros, mais simplement, sans plus, n’est-ce pas, dites-moi lesquelles vous solemnisent.

On ne sait pas, on ne peut rien. Nous restons somptueux de virtualités, d’ailleurs l’occasion nous échappe, le destin du’monde mène le nôtre. —Ces rudes villageois de qui les talents méritaient peut-être d’héroïques victoires, voici qu’ils rient et se détournent, pour l’acquisition du pain quotidien. Les guirlandes et l’accueil que leur promet l’espoir, certes, ils n’en seraient pas indignes, car tout homme demeure pur tout au fond de son être, à cause du suave azur de joie et par l’hérédité d’un dieu.

IV. Identité

Quand nous ne créons pas de fabuleux héros dont les exploits simulent les nôtres et à qui il demeure loisible de confier le souci des extraordinaires rôles que nous ambitionnâmes, je pense que ceux-ci influent sur nos âmes, le caractère de nos petites passions. Ainsi et de toute façon, nous sommes plus renseignés au sujet de Werther que sur les actions de nos familiers. Verdoyante, l’Arcadie nous expose ses bocages, nous y errons plutôt que dans le bourg natal.

S’il est certain que ces fictives personnes nous éclairent parfois sur notre être, elles le froissent et le défigurent le plus souvent. Elles nous infatuent à cause de vertus que nous ne posséderons jamais ! Elles faussent le sens de notre héroïsme immanent.