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péripéties nous paraissent être indispensables pour la pure parade d’un héros. Par contre, une ode et une idylle contiennent d’affreux gages d’énergie, les plus noirs, les plus perpétuels. Et l’homme qui a écrit Œdipe nous a laissé de sa tristesse, de sa fièvre intacte, ardente et logique, un extraordinaire témoignage.

Quel destin nous sera propice ? Acceptons-en les conjonctures si extravagantes qu’elles puissent devenir. Avant d’étudier la mathématique, des traités de cosmologie et de physique, il faudrait constater l’état de la maison, la bonne solidité des briques, de la pioche brillante et des portes de bois. Là, se résume tout le problème qui excuse l’angoisse de nos sentiments. Je n’en connais point de plus pathétique. — Mangera t-on "ce soir, et quel pain ? — Ma mission publique, quelle est-elle ? Je bois, je travaille, je vis, mais pourquoi ? — Ah ! peu importent Dieu et l’abîme, l’harmonie, les théodicées ! Tout d’abord, je désire réassurer de mon àme, en surprendre les secrets, les attributs, la force ? — Voici, ici, très strictement, l’objet de nos terreurs, de nos méditations.

Aux yeux du grand nombre des auteurs, composer des drames et des chants, ce n’est pas autre chose qu’un pis-aller ! Ils y occupent leur énergie. Le fragile subterfuge les trompe, ils imaginent des luttes, d’obeures douceurs, desguerres. Là, ils étreignent l’amante de qui la pudeur n’eut point consenti aux voluptés qu’ils en auraient voulus. Ils y brisent la cité mauvaise. Ils s’emparent des riches plages et des saintes moissons tumultueuses. Leurs soins préservent les ruches d’abeilles.