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quand je cessai de les fréquenter, j’étais plus confus, sombre et élégiaque.

Ni les amantes, dont les délices entretinrent l’excessif délire de ma passion, ni les jeunes hommes qui m’ont dédié les plus pompeux des dithyrambes, n’ont réussi à m’épurer. Je m’exténuai en désuétude. Aucune ivresse n’emporta ma raison. Je conservai mon désespoir qu’augmenta encore cette froide certitude d’avoir tout fait pour le perdre et de n’y point parvenir.

Ah ! ce vœu d’anoblissement, crainte de soi ! belle épouvante ! Voilà ma vertu singulière. Aujourd’hui, Dieu seulement me paraît de la taille de mes puissantes pensées. Je me suis voulu statuaire de tribus. Dans le sang et la chair je recrée les héros. Du noir bloc sanguin surgit ma statue. Je me suis cru multiplié. Par l’eucharistie des substanciellesodes, je renaîtrai au cœur des hommes. Leur sfature reluit d’été. Les plaintes de mon ami ébruitent ma petite peine et votre allégresse me béatifie. Toute beauté m’augmente d’éclats. Je sais l’identité du monde.

III. De La Pensée Et De L’acte

La volonté d’être héroïque présuppose chez quiconque en brûle, la faculté de l’éteindre. Sans grâces, ni magnificences, on s’en préjuge susceptible, et cette tumultueuse énergie constitue déjà leur véracité. Pour l’accomplissement d’entreprises prévues, il suffirait d’un bon hasard. On médite et on attend. Le rêve illusionne et on s’en contente. Composer des tragédies,