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il reste là et attend. Bien que nous passions une vie sans grandeur, d’inconscientes vertus nous ont embellis. Les amours dont palpitent les amantes des églogues, leurs tristesses, leurs respects, leurs plaintes, leurs repentirs, tels sont les sentiments desquels la présence purifie les nôtres.

Accueillons le sort et ses désuétudes. Au lieu de lui substituer les plus étranges situations du monde, n’eutil pas mieux valu se soumettre, obéir ? Mais personne n’est satisfait ! D’écarlates carrousels, de rudes bêtes en bois peint, les lions bondis des blocs, les sonores coqs d’argent, quelle gaie rumeur et quelle féte dans la ville. Restons dans le bourg, la chaumière heureuse. -—, L’antique petit hameau s’ennuie à cause de la mer bleue et morne. Ah ! vivons donc au jour le jour ! — Peut-être étions-nous disposés pour l’accomplissement d’une tâche différente que celle où nous maintient la destinée du monde. Mais peu importe, demeurons là. De peur de périr sans espoir, nous sollicitons des héros à qui confier le don glacé de nos détresses, les intentions sentimentales que nous ne réaliserons pas, car si attentifs que nous puissions être à jouer le r Me dont nous fûmes investis, tout nous en détourne, une paille et un astre, Eglé et Werther, l’anecdote du jour, des doutes, des stupeurs !

S’assurer d’un but, tel est le problème. — Il s’agit de restreindre enfin la carrière de nos présomptions. Au lieu d’être occupés de Dieu et de la lune, que chacun prenne garde à soi-même ! Avant de nous instruire sur la théodieée, les lois d’eurythmie et de pesanteur, apprenons celles de notre état. Il faut acquérir