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I. Compensations

à Théo Reeder.

Si magnifique et si heureuse que semble une destinée humaine, notre ambition ne la juge pas ainsi, et quelles que soient ses grâces, ses allégresses, ses gloires, il n’est jamais impossible d’en imaginer de plus éminentes. De là d’infinis désespoirs. Nos songes surpassent tout, et nul n’y peut rien. La vraisemblance de nos désirs autorise leur accomplissement. Du pire au plus pur, nul n’est satisfait. Et en effet, nous éprouvons la mélancolie de notre âme. Ces gens sont susceptibles d’exploits, ils le savent bien, mais tout stagne et se glace. Une méticuleuse présomption nous promet des fêtes, des conquêtes. Chacun présume de sa splendeur probable. On se sait sublime — : virtuellement.

Les mythes, les tragédies et les annales des rois nous exposent de guerrières victoires et d’idylliques péripéties auxquelles nous dispose notre humeur. Leur possibilité nous impressionne. Notre enfance