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brillantes et votre innocence, les mousselines qui roulent comme un blanc torrent, les faïences résonnantes d’éclats, la table et le lait, le hêtre et la haie ! — Une infinité d’objets familiers ne posséderaient point ces resplendissements si vous ne les leur confériez. Leur aspect s’embellit du -vôtre et vous sûtes parer mon habitation. 11 semble qu’elle ait été touchée de la candide bénédiction de vos douceurs. — Mais vous le savez extrêmement, Clarisse, je désire que chacun s’écarte de son passé. L’attendrissante attention que nous prêtons à un cercueil détourne notre esprit des suaves enchantements et des malédictions du monde. Epargnons donc de stériles plaintes. Il suffit déjà d’avoir à souffrir les calamités quotidiennes. J’ai pleuré tantôt de votre émotion quand le rossignol s’enfuit de la cage où vos soins cruels le gardaient ; l’exquise élégie que vous composâtes, au sujet de cette tragique fuite, m’a ému mélancoliquement. Vos sanglots ni votre épouvante je ne puis les endurer. Ainsi je suis sensible à vos peines les plus vaines. Mais qu’irai-je pleurer quand vous périrez : la fatalité et l’irréparable. Ah ! petite demoiselle de joie, pourriez-vous approuver mes larmes ? — Chassons donc cette mélancolie, d’une si importune inutilité.

12 Janvier 1896.