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pourtant si horrible, ne me cause d’autre émoi qu’une affreuse répugnance. Le cercueil duquel les puissantes planches d’or presseront la pudeur de tes hanches, ah ! ne crois point qu’il m’impressionne autrement que tel ou tel autre !

Quelque grande que soit ma souffrance, les beaux serments que nous nous fimes eussent nécessité une affliction pire et je répandrai sans doute moins de larmes que dans le temps où ta détresse, ta mélancolie ou tes plaintes m’accablent. Petite beauté qui périclite, peu m’importe ta dissolution ! Car dès cette minute, tu n’es plus toi-même, mais quelque affreuse masse liquéfiée et noire ! — Hélas ! vous le savez, Clarisse, il ne faut se lier qu’à l’amour.

Ces sentiments vous froissent, et vous êtes peut-être offensée de la répugnance dont je parle. Mon mépris vous choque violemment, et vous m’en trouvez détestable. Pourtant comprenez, comprenez enfin ! L’affliction où vous êtes plongée, regardez, voilà ce que me désole plus que la ténèbre et la lune, le meurtre et la mort, d’atroces élégies.

Pourquoi sangloter sur d’obscurs sépulcres quand 1 es êtres qui y sont couchés ne palpitent plus de votre émoi et n’en pressentent même point l’angoisse. Etesvous pitoyable à cause des délices dont ils auraient pu jouir encore, mais qu’ils ne connaîtront jamais ? Ou bien, si vous êtes dans la peine, n’est-ce qu’en prévision de cette fosse d’enfer, où il faudra vraiment que chacun vienne pourrir ?

Pour moi, ces notions ne m’impressionnent pas. Cependant combien vous m’êtes chère ! O vos hanches