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le bilan du nationalisme

presse très chrétienne. Rappelons-nous le Gaulois appelant de tous ses vœux « un grand soir ronge », la Libre Parole pressant les généraux de montrer enfin « un peu de virilité », l’Action française préconisant « l’intervention chirurgicale ». Dans les dîners de l’« Appel au soldat », M. Vaugeois s’expliquait ainsi : « Nous sommes tous d’accord ici, je l’espère, pour admettre la moralité, la légitimité de la méthode du fer. Nous n’avons point d’hypocrites, objections puritaines, n’est-ce pas, à opposer au principe ? Il nous paraît qu’on a le droit de sauver son pays malgré lui. Il nous paraît qu’il y eut dans l’histoire de bonnes violences, et qu’il vaut mieux qu’on ensanglante un malade que de le laisser pourrir. » Et Barrès, à son tour, commentant cette expression d’« appel au soldat », déclare : Nous y trouvons une amphibologie qui nous satisfait. Nos adversaires crachent sur l’armée ; au contraire, nous avons un certain plaisir à dire au soldat ; « Venez donc, soldat, vous, la force matérielle, vous l’épée du Brenn, venez de notre côté. Ce pst ! » plein d’élégance est révélateur. Il découvre cyniquement le sens des flatteries provocantes que nos adversaires prodiguaient à l’armée ; il nous dévoile les réserves de violence que contient l’âme d’un plébiscitaire. C’est à un plébiscitaire