Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
le bilan du nationalisme

n’y gagnerait rien. Il importe, en effet, de n’être pas dupe des déclarations démocratiques de nos plébiscitaires. Un régime démocratique rationnellement organisé est celui qui multiplie les institutions destinées à permettre au peuple de peser mûrement ses décisions, de contrôler fréquemment ses délégués, de réfléchir et au besoin de se ressaisir ; Un régime plébiscitaire simplifie, au contraire, les institutions pour permettre au peuple de passer la main, et peut-être, dans une heure de folie, de se lier les mains pour longtemps. En ce sens, ce régime travaille à restaurer le pouvoir personnel bien plutôt que la souveraineté populaire. La France ne l’a pas oublié : le régime plébiscitaire n’est que l’antichambre du régime césarien. Et nos nationalistes plébiscitaires ne sont, vraisemblablement, que des césariens qui cachent leur jeu.

Au surplus, et plus clairement que leurs théories, leurs pratiques dévoilent l’état d’esprit commun aux nationalistes des diverses nuances. Nous les avons vus à l’œuvre. Nous savons qu’ils ne se sont pas contentés de faire l’apologie des coups d’État historiques ; ils ont fait tout leur possible pour recommencer cette histoire sanglante. Rappelons-nous la prière au glaive entonnée par le père Didon et reprise en chœur par toute la