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le bilan du nationalisme

suivant M. de Vogué, qu’une « opération de police un peu rude ». Des opérations pareilles, il en faut de temps à autre, au moins en France. Car le peuple de France n’est (prune femme nerveuse. Qu’on lui donne du panache, et au besoin du bâton ! Qu’on lui impose une volonté, mais qu’on ne cherche pas à obéir à la sienne ! Car il est foncièrement incapable d’autonomie. Telle est l’idée méprisante que les nationalistes se font de la nation.

Mais comment, direz-vous, accorder avec cette idée le programme plébiscitaire auquel nombre de nationalistes se sont ralliés ? C’est au nom de la volonté du peuple méconnue que les nationalistes plébiscitaires ont mené la campagne contre le régime parlementaire ; ils réclament un régime qui permette à la souveraineté populaire de s’exercer plus directement. Certes, il ne nous appartient pas de défendre contre toutes les critiques le régime parlementaire, tel du moins qu’il est pratiqué aujourd’hui. Ce que vaut l’aune de sa moralité moyenne, nous sommes payés pour le savoir. Mais je me hâte d’ajouter que les attaques des nationalistes nous le feraient presque aimer. Nous voyons trop, disait encore A. France, qu’ils pensent à remplacer les parlementaires par des patrouilles de cavalerie, et que la liberté