Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
le bilan du nationalisme

secrétaire de l’Action française, est plus explicite encore. Il déclare qu’il est moralement obligé de sortir de l’Université, qu’il ne peut plus servir la République, car la République veut la légalité, « et moi je n’en veux plus ». Combien de fois les nationalistes n’ont-ils pas ainsi, plus ou moins nettement, manifesté leurs préférences pour le césarisme ! Rappelez-vous quel « professeur d’énergie » leurs littérateurs se sont choisi, et comment on les a vus s’évertuer à chausser les bottes du conquérant. Quant au neveu, à l’homme de décembre, s’ils n’ont pas osé tout de même l’encenser à découvert, du moins ont-ils fait tout leur possible pour rabaisser ceux qui se sont dressés contre son crime, les exilés volontaires, les protestataires irréductibles. Vous vous rappelez de quels ricanements leur presse a accueilli les manifestations républicaines en l’honneur de Hugo ou de Quinet. Exagérations de rhéteur ! Obstinations de pasteur protestant ! C’est ainsi qu’ils expliquent l’attitude farouche de ces deux grands vengeurs du droit. Il leur manquait, ajoutent-ils, le sens des réalités politiques, des vrais besoins nationaux. De même que le 18-Brumaire fut, suivant F. Coppée, un « heureux attentat », ou plutôt un « événement providentiel », de même le coup d’Etat du 2 décembre ne fut,