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le bilan du nationalisme

lent plus d’un langage. Sur la terre natale plusieurs traditions ont passé. Dans notre âme française plusieurs instincts coexistent. A moins de nous immobiliser dans un quiétisme absolu, il faudra bien critiquer, il faudra bien choisir...

En fait, du moment où il a agi, le nationalisme a choisi. Il a servi et il a utilisé de préférence certains instincts spéciaux, certaines traditions déterminées. Et c’est pourquoi, si nous voulons le connaître enfin tel qu’il est, déchirant ce voile de mystère dont il trouve commode de s’envelopper, ce sont ces traditions et ces instincts qu’il nous faut traîner en pleine lumière.


Et c’est d’abord — à tout seigneur tout honneur — l’instinct antisémite. Il a été, dès la première heure, et il est encore à l’heure actuelle, le bras droit du nationalisme.

Et sans doute les grands parrains intellectuels du nationalisme, les académiciens de la, Pairie française n’étaient pas sans trouver l’alliance un peu compromettante ! M. Brunetière pouvait-il décemment enfourcher cette idée de race contre laquelle il avait si énergiquement bataillé ? Il se contentera d’indiquer que le nombre des israélites