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le bilan du nationalisme

nationalisme. Il faut passer en revue les théories et les pratiques qu’il essayait, pour sa part, d’acclimater dans notre pays. Il faut dresser le bilan des ligues nationalistes. Ce sera dresser, par une méthode indirecte qui est ici la plus simple, le bilan de La nôtre, et déterminer par les faits à quoi elle a servi, à quoi elle peut encore servir.

Quelle est donc, d’abord, la doctrine du nationalisme ?

Il y a, comme l’on sait, des nationalistes qui revendiquent volontiers pour leur parti le privilège d’être un parti à doctrine. Le mot revient souvent dans leurs discours. Pour restaurer la chose publique, disait l’Action française, il nous faut une doctrine. Maurice Barrès en devait être le prophète. Dans son livre, où il raille dédaigneusement la philosophie médiocre de ses adversaires — « bagage pour Comices agricoles, orphéon démodé » — il ne prétend pas seulement décrire les scènes, mais définir les doctrines du nationalisme.

Malheureusement, ce sont doctrines qui répugnent à la définition. Sitôt qu’on l’approche, on s’aperçoit que la philosophie nationaliste s’enveloppe volontiers d’ombre et