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solidarisme et libéralisme

pelle que nous ne sommes nés ni pour nous fuir, ni pour nous écraser les uns les autres ; et que nous ne pouvons développer nos personnalités que par une incessante coopération. En un mot, le solidarisme nous aide à opposer, à ces formes aristocratiques, desséchantes et dissolvantes, de l’individualisme, un individualisme démocratique, principe fécond d’union et d’action sociales, et dont la devise ne serait plus « chacun chez soi » ou « chacun pour soi », mais « chacun pour tous, et tons pour chacun »[1].

Il était donc vrai de dire que la doctrine de la solidarité ne juxtapose pas seulement, mais accorde l’une à l’autre et rectifie l’une par l’autre les deux tendances dominantes de notre philosophie morale. Qu’elle y soit arrivée par une méthode strictement et exclusivement scientifique, c’est ce qu’on pourrait contester. Contrairement à ce qui semblait son ambition première, nous avons constaté qu’on ne saurait guère voir une pure et simple application de la science dans la

  1. Nous avons repris pour les développer, dans notre étude sur la Démocratie devant la science, quelques-unes des réflexions formulées dans cette conférence (en particulier les deux dernières pages).