Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
solidarisme et libéralisme

tion sociale est le libre développement des personnalités humaines, et c’est en ce sens qu’il se présente aujourd’hui comme le légitime successeur de l’individualisme lui-même mais « logique et complet ».

Il résulte de cette confrontation que, sur les points où ils paraissent le plus différer, le solidarisme et le socialisme peuvent s’entendre. Le socialisme n’est nullement forcé d’absorber les citoyens dans on ne sait quelle entité. Il n’est pas inféodé au réalisme social. Il peut prendre, au contraire, comme centre d’opérations l’idée du droit individuel.

En mettant ces traits en relief, les discussions provoquées par le solidarisme n’auront pas été inutiles. Elles nous laissent à penser qu’il n’y a sans doute pas, entre les réformes que les socialistes proposent et les principes proclamés par la Révolution, une opposition aussi profonde qu’on le disait naguère. Elles nous habituent, en tous cas, à nous défier de l’antithèse classique — dont on a tant abusé jusqu’en ces dernières années — entre l’esprit du socialisme et l’esprit de l’individualisme.


Mais c’est sur l’individualisme lui-même et les diverses conséquences qu’on en a