Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
solidarisme et libéralisme

divin, extérieur et supérieur aux hommes. C’est une organisation créée par les hommes eux-mêmes, et par l’entremise de laquelle ils s’imposent les uns aux autres le respect des obligations qu’ils ont contractées les uns envers les autres. Nous augmentons les pouvoirs judiciaires de cette organisation : nous proclamons qu’en droit public comme en droit privé, l’autorité doit sanctionner les quasi-contrats. Mais nous ne prosternons les hommes devant aucun être de raison ; nous laissons au premier plan le droit individuel.

C’est ce qui explique la grande place que le solidarisme prétend réserver à la liberté. A vrai dire, il se présente tout d’abord comme une réaction contre le libéralisme absolu. En nous dévoilant à quel point nos responsabilités s’entremêlent, la connaissance de la solidarité nous fait comprendre aussi que nos libertés ne sauraient rester illimitées. En mesurant tout ce que l’individu doit à la société, elle lui rappelle qu’il est tenu, pour mériter sa liberté, de se « libérer » d’abord, c’est-à-dire, de consentir aux sacrifices et aux obligations que la société lui imposera pour réaliser la justice. Mais il faut bien savoir que si la justice est notre point de départ, la liberté reste notre but. Nous voulons que l’homme rende à la