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solidarisme et libéralisme

commun accord, ils jugeraient absurde de réserver tous les profits à une classe, toutes les charges à une autre classe. Ils voudraient, en un mot, avant de contresigner le contrat, que, pour les diverses parties en présence, les « causes du consentement » fussent égales. C’est cette volonté, bien quelle n’ait jamais été formellement exprimée, que nous devons entendre et exécuter aujourd’hui, si nous désirons organiser notre société suivant la justice.

Ainsi s’expliquent les différents droits que le solidarisme reconnaît à tous les quasi contractants. Il n’est pas admissible qu’on laisse aucun d’eux mourir de faim, à côté des richesses matérielles que la société a amassées ; de même, de ses richesses spirituelles, tons réclameront légitimement leur part ; tous demanderont encore, sans injustice, à être assurés, non seulement contre les accidents du travail, mais contre le chômage. Aucun d’eux aurait-il consenti, en dehors de ces conditions, à signer le pacte social ? Et si, pour réaliser des réformes nécessaires au libre exercice de ces droits, on est amené à demander aux classes privilégiées des sacrifices plus importants que ceux qu’elles ont consentis jusqu’ici, cela n’a rien qui doive nous surprendre : la société a un long arriéré d’injustice à solder.