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solidarisme et libéralisme

communs ? Il y a des bénéfices qu’on ne saurait exactement évaluer à l’avance et dont on ne saurait attribuer La responsabilité à personne en particulier. De même, il y a des pertes qu’on ne saurait imputer ni escompter avec précision, mais auxquelles tout le monde est exposé. Il arrive qu’on s’associe pour partager, par avance, et les bénéfices et les pertes de ce genre ; on prend l’engagement d’être « solidaires » dans le mal comme dans le bien indéterminés : on « mutualise » le risque et l’avantage. Ainsi se constituent les contrats d’assurance mutuelle. C’est aux contrats de cette nature qu’il faut assimiler le quasi-contrat social.

Nous avons vu, en effet, qu’il existe dans toute société des trésors communs, des capitaux collectifs, tout un ensemble d’instruments intellectuels et matériels, qui ne sont l’œuvre propre de personne. Il y a de même un certain nombre de fléaux, comme la maladie et la vieillesse, comme les accidents du travail et le manque de travail, qui dépendent moins des volontés individuelles que des fatalités naturelles ou des défectuosités de l’organisation sociale. Il est légitime de présumer que des êtres raisonnables, s’ils fondaient aujourd’hui une société, commenceraient par poser en principe la mutualisation de ces risques comme de ces avantages. D’un