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solidarisme et libéralisme

nous sommes loin de naître tous également débiteurs et créanciers ; il y a des gens qui tirent un profit infiniment grand, et d’autres, infiniment petit, de l’outillage commun : « Il y a des débiteurs éternellement insolvables, des créanciers éternellement impayés. » Et les comptes sociaux ne seront vraiment réglés que lorsque, entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont pas assez, entre privilégiés et déshérités, la société sera intervenue pour rétablir l’équilibre.

Mais par quelle espèce de contrats se justifient ces mesures réparatrices ? Il ne saurait s’agir ici de contrats purement privés, qui mettent deux individus l’un en face de l’autre : c’est vis-à-vis de l’ensemble que les débiteurs doivent se libérer, comme c’est de l’ensemble que les créanciers attendent satisfaction. De même, on ne saurait comparer le quasi-contrat qui sous-tend les relations sociales à ces contrats collectifs qui fixent, au prorata de son apport, la part qui revient en propre à chacun des associés : nous avons vu, en effet, que dans la vie des sociétés, ces apports, et par suite, ces parts sont le plus souvent incommensurables. Mais ne connaît-on pas des contrats plus complexes, qui ont précisément pour objet de faire participer également les associés à un certain nombre d’avantages et de risques