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solidarisme et libéralisme

Ainsi, « droit à la vie », « droit au travail », « droit à l’instruction », « droit au loisir », toutes ces réclamations, qui sont le nerf du socialisme, le solidarisme ne craint pas de se les incorporer.


Comment le solidarisme en est-il venu là ? Et quels remaniements a-t-il dû, pour en tirer tout ce système de réformes, faire subir à ses notions premières, — l’idée de la dette et l’idée du quasi-contrat social ?

On voit en effet celles-ci, sous le martèlement des discussions, s’étirer, s’élargir, se transformer lentement.

Une des premières réflexions qui s’imposent à l’esprit des solidaristes est que cette dette, dont ils chargent tout individu, reste fatalement indéterminée. Personne ne peut rien sans la collaboration de la société. Mais où commence, et surtout, où finit cette collaboration ? Voilà ce qu’il est malaisé d’établir. Ce n’est pas seulement dans quelques cas particuliers, c’est partout et toujours qu’une plus-value sociale inestimable vient s’ajouter à l’œuvre des individus. S’agit-il de la fabrication du moindre objet matériel, de la confection d’une table par un menuisier, il serait déjà difficile de mesurer ce qui lui revient en propre, et ce qui provient de l’activité, antérieure ou contemporaine, de ses