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solidarisme et libéralisme

morale « scientifique », divers sentiments bien connus — le sentiment de la justice, le sentiment de la dignité humaine, le sentiment du prix de la vie spirituelle. Ces sentiments sont logés dans le corps du solidarisme comme le prêtre dans le corps de la statue qui rendait des oracles. On interroge la science, mais c’est une philosophie qui répond. Et nous la reconnaissons aisément à ses réponses : c’est la grande philosophie qui a recueilli le plus pur des expériences morales de notre civilisation ; celle qui est l’œuvre commune du christianisme et de notre XVIIIe siècle, de la Réforme et de la Révolution, — c’est la philosophie « libérale », c’est la philosophie individualiste.


Au fur et à mesure qu’il se développe, le solidarisme semble donc dépouiller peu à peu ses prétentions scientifiques. En serait-il de même de ses prétentions juridiques ? et le trouverons-nous, en matière de réformes sociales, de moins en moins exigeant ?

Bien au contraire. Son bagage de projets a rapidement grossi. Et déjà il aurait, pour rétablir l’équilibre entre privilégiés et déshérités, un nombre respectable de mesures à mettre en œuvre.

L’outillage social est indispensable à tous