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solidarisme et libéralisme

tendances de la nature, tant qu’elle est livrée à la force des choses et non rectifiée par l’idéal des hommes, est bien loin de produire tous les heureux effets qu’on semblait en attendre.

Il suffirait de rechercher des exemples, destinés à illustrer l’interdépendance des hommes, pour se heurter, au premier détour de la route, à cette vérité de sens commun : la solidarité n’est pas toujours bonne ; ses chaînes endolorissent souvent ceux-là mêmes qu’elles unissent. Les plus beaux cas de ce genre sont ces maladies innombrables que les hommes se transmettent fraternellement. La communauté la mieux établie par la science, c’est assurément la communauté des microbes. Cette constatation n’est-elle pas faite, comme le remarquait M. Duclaux, pour nous écarter, bien plutôt que pour nous rapprocher les uns des autres, et a-t-elle de quoi nous faire aimer la loi de solidarité ? De même, dans l’ordre économique, à côté de ses bienfaits tant vantés, combien de méfaits cette même loi ne compte-t-elle pas à son actif ? Lisez le rapport présenté sur cette question par M. Fontaine au Congrès de l’Éducation sociale. Ce qu’il y démontre surtout, c’est à quel point la vie de la classe ouvrière est bouleversée par le progrès même des inventions industrielles. Dressée